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En criant l'homme est encore tourné sur lui-même...mais en répondant à Jésus il pose un véritable acte de foi

Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,

Paix !

Je vous envoie la méditation pour ce jeudi de la 4ème semaine TO B/Impaire.

Lecture Si 42, 15-25

Ps 32

Évangile Mc 10, 46-52

Jésus a apporté la Bonne Nouvelle dans une ville assez importante : Jéricho ! Et lorsqu'il quitte cette ville, comme d'habitude, une grande foule le suit ! Elle a encore faim de sa parole, elle veut encore voir des miracles, et puis voilà que sur le bord de la route se trouve un aveugle. Pour les gens de l'époque avoir un tel handicap était signe que l'on avait péché, que l'on était rejeté de Dieu. Aussi les gens s'arrêtant à cette conception lui disent de se taire ! Un pauvre bougre comme lui, n'a pas à déranger, à importuner un maître comme Jésus !

Vous savez, on est souvent comme cela aussi dans notre cœur, lorsque l'on regarde de haut ceux qui sont marginaux, ceux qui sont plus "petits" que nous, ceux qui ne sont pas de notre classe... C'est là un domaine de notre cœur sur lequel il faut apprendre à veiller, sinon nous ferons obstacle à la grâce de Dieu dans la vie de ceux qui nous entourent.

Voilà donc notre aveugle qui crie fort et fort, vers Jésus, lui n'a plus rien à perdre !

Et Jésus l'entend, Jésus l'appelle ; il voit bien l'handicap de cet homme et il se doute bien de ce qu'il veut lui demander, et pourtant il l'interroge : que veux-tu que je fasse pour toi...et l'homme répond : "Que je voie !"

 

Alors pourquoi Jésus lui pose cette question ? C'est simple ! En criant l'homme est encore tourné sur lui-même...mais en répondant à Jésus il pose un véritable acte de foi ! Et qui plus est un acte de foi public ! Et c'est bien au nom de cette foi que Jésus le guérit quand il lui dit : "ta foi t'a sauvé !" Et il est tellement guéri que dans sa joie il se met à suivre Jésus !

Pour nous accompagner dans notre prière, je vous propose cette réflexion de Mgr Roland, Évêque de Moulins (www.eglise.catholique.fr)

Bonne méditation à toutes et à tous. ( Père Xavier Bugeme sj )

Nous sommes à la sortie de la ville de Jéricho, sur la route qui mène à Jérusalem. Jésus est en train de s’acheminer de manière déterminée vers la Cité sainte pour y vivre sa Pâque, car il est décidé à aimer jusqu’au bout. Le groupe de ses disciples l’accompagne sur ce chemin. Et voici qu’au bord de la route se trouve un mendiant aveugle du nom de Bartimée.

Commençons par bien prendre conscience de la situation concrète de Bartimée. Aveugle, il est plongé dans les ténèbres. Assis, il se tient dans une position statique et passive. Posté au bord de la route, il est situé en marge de la société et de la communauté des disciples. Mendiant, il n’assume pas son existence. Esclavage des ténèbres, passivité, marginalité sociale, dépendance des autres pour subsister : tout cela nous conduit à conclure que cet homme est comme mort.

Mais, au passage de Jésus, Bartimée implore à pleine voix : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » Cette réaction révèle qu’en cet homme demeure malgré tout une aspiration à la vie et subsiste une espérance profonde. Malgré son humanité défigurée, il fait preuve d’un certain ressort, puisqu’il saisit l’occasion qui s’offre à lui. Et son désir est tellement ardent, qu’il lui procure de l’énergie pour persévérer jusqu’à temps de se faire entendre, alors que les gens cherchent à le faire taire. Il apostrophe Jésus, en le désignant par le nom de « Fils de David ». C’est le titre populaire du Messie. Il est difficile de savoir quelle conception précise il se fait alors du Messie. Mais il n’empêche qu’il est intimement convaincu que ce Jésus de Nazareth peut accomplir quelque chose pour lui.

Le cours des événements va brutalement changer lorsque Bartimée découvre que Jésus l’appelle. Car ce dernier est attentif au cri de Bartimée. Il l’entend, s’arrête et ordonne qu’on le fasse venir à lui. Il n’est pourtant pas évident qu’au milieu de toute cette foule bruyante Jésus perçoive le cri de Bartimée. Ainsi se révèle que Jésus prend soin de chacun et qu’il ne passe pas près de nous sans être sensible à notre détresse. Pour Dieu chacun de nous est unique et aimé de façon particulière 1. Mais notons que cet appel de Jésus passe par les autres. C’est un appel médiatisé, relayé par les disciples et la foule nombreuse qui entoure Jésus. C’est-à-dire l’assemblée de ceux et celles qui ont entendu l’appel du Messie et ont commencé à y répondre en marchant derrière lui. Ainsi nous est manifesté la mission de l’Église auprès du reste de l’humanité. Celle-ci se résume dans ces quelques mots : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ! » L’Église invite à la confiance, parce qu’elle-même a mis sa foi dans le Sauveur. Investie de l’autorité du Christ pour servir la vie, elle ordonne de se lever et transmet l’appel du Seigneur.

Il convient de souligner maintenant l’exemplarité de la réponse donnée par Bartimée. Par son comportement, celui-ci nous indique nettement la manière dont chacun doit réagir face à l’appel du Christ. La première caractéristique est la promptitude de la réponse. Lorsque l’appel est entendu, Bartimée jette son manteau, pour l’abandonner sans hésitation derrière lui. C’est l’abandon du vieil homme, l’abandon de tout ce qui constituait jusqu’alors sa richesse dérisoire, sa protection relative, son semblant de sécurité… On comprend clairement qu’il a fait confiance à Jésus et que tout le reste ne compte plus. L’évangéliste note qu’il bondit et court vers le Sauveur. C’est-à-dire qu’il rassemble toute son énergie et mise toute sa vie sur Jésus. Sa confiance est absolue.

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » lui demande alors Jésus. Cette question qui ouvre un dialogue avec Bartimée manifeste que Dieu entend nouer une relation personnelle avec ceux qu’il appelle. Il sollicite la liberté de chacun et suscite une réponse déterminée. Il faut désirer le salut et croire que Jésus est celui qui peut effectivement procurer ce salut.

« Aussitôt l’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route. » Nous constatons que la conséquence immédiate de l’expérience du salut est l’illumination et l’engagement dans la condition de disciple du Christ. N’oublions pas le contexte : Jésus est en train de monter à Jérusalem, où il va livrer sa vie par amour. Répondre à l’appel et suivre Jésus, c’est donc s’engager à marcher à la suite du Christ pour entrer avec lui dans sa Pâque.

L’aventure de Bartimée, c’est aussi notre histoire à chacun, parce que c’est l’histoire du cheminement de la foi, que nous pouvons résumer brièvement ainsi. Au départ, il y a une situation de souffrance, mais au plus intime montent une attente et un désir. Lorsque l’homme découvre que le Christ passe sur son chemin, il lance un cri vers lui. Survient l’appel de l’Église qui transmet l’appel du Christ. Mais le chemin n’est pas dépourvu d’obstacles, qu’il convient de dépasser par la persévérance. C’est alors l’heure de la décision : il faut opérer un acte de foi, quitter ce qui encombre et s’élancer résolument vers Jésus. La rencontre personnelle avec le Seigneur est une expérience du salut, laquelle fonde l’entrée dans la condition de disciple, caractérisée par la suite de Jésus sur le chemin de la croix et l’agrégation au groupe de ceux qui l’accompagnent.

Cette méditation sur la rencontre de Jésus avec Bartimée doit nous conduire à deux choses. D’une part, elle nous invite à relire notre histoire personnelle comme réponse à un appel du Christ transmis par l’Église. D’autre part, elle nous responsabilise pour relayer inlassablement la parole du Seigneur : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! » Nous devons commencer par faire mémoire de notre propre itinéraire. Il s’agit de garder conscience de la manière dont le Christ nous a appelés et sauvés, et nous souvenir comment cette expérience nous a décidés à le suivre. Ensuite, il nous faut entendre ce que le Seigneur attend de nous. Il requiert que nous soyons attentifs à ceux qui demeurent au bord du chemin.

Il interdit que notre comportement réprime les cris lancés vers Dieu et étouffe la foi naissante. Positivement, il nous charge d’aller vers les autres pour relayer son appel de manière personnelle : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! » Il nous révèle enfin comment nous devons nous effacer discrètement pour permettre à chacun des appelés d’entrer en relation personnelle avec le Sauveur et comment nous devons accueillir dans le groupe des disciples tous ceux que le Seigneur appelle à sa suite. Appelés et sauvés, nous recevons pour mission d’être appelants. Le groupe des disciples ne doit pas être un groupe fermé mais une communauté en mouvement, toujours disponible à l’agrégation de membres nouveaux.

Parmi les disciples, certains sont appelés à une vocation particulière, comme ministres ordonnés ou dans la vie consacrée. Nous savons que la moisson est abondante et que les ouvriers sont trop peu nombreux. Pourtant il n’est pas certain que nous sachions toujours faire retentir l’appel. Récemment un homme ordonné prêtre à la quarantaine me confiait : « Je ne suis pas une vocation tardive, mais une réponse tardive. » Au fond de son cœur il y avait en effet un sourd appel à donner sa vie au Christ et à l’Église… mais il attendait qu’on lui fasse signe et que quelqu’un lui dise : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! » Beaucoup de jeunes ou de moins jeunes sont généreux et disponibles pour le service du Royaume, mais personne ne les a embauchés à la vigne du Seigneur

Ils attendent qu’on leur exprime clairement que l’on a besoin d’eux. Ils attendent de se sentir soutenus et accompagnés pour répondre. Il est donc urgent que, non sans réflexion préalable ni sans discernement, et dans le respect de la liberté des personnes, nous sachions relayer inlassablement l’appel du Seigneur : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ! »

Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj 

Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.

 

 

 

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