Les sacrifices partiels ne signifient rien. Quand nous aurions donné tous les trésors de l'Univers, s'il nous reste un sou, notre don est vain. C'est le dernier sou qui achète Dieu !
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,
Paix !
Voici la méditation pour ce samedi de la 9ème semaine TO/Impaire.
Lecture Tb 12, 1-5.15-20
Ct Tb 13, 2.7-8
Évangile Mc 12, 38-44
Le monde ne change pas, il y a toujours des gens, pour dire et ne pas faire, pour imposer aux autres des lois et ne pas les pratiquer eux-mêmes... Dans l'Église, nous trouvons aussi cela. Mais nous trouvons aussi des gens qui à cause de ceux-là, veulent vivre leur foi à leur propre manière, avec leurs règles à eux... On passe alors d'un extrême à l'autre. On passe du rigorisme intransigeant au libéralisme débridé.
Jésus lui nous invite au chemin du milieu, regarder à la loi, la comprendre et l'appliquer. Et l'appliquer non parce que les autorités en font une obligation mais parce que c'est le bon chemin vers Dieu.
Dans l'Église, il y a bien des lois et des commandements, et nous ne sommes peut être pas toujours d'accord avec eux, parce qu'ils nous dérangent dans notre vie, parce que cela n'entre pas dans notre philosophie de la vie. Soit ! Mais nous sommes-nous simplement arrêtés pour rechercher le bien fondé de ces lois de l'Église ? Avant de condamner, de rejeter, ne faut-il pas connaître et comprendre ?
Cela étant dit, la première loi de l'Église est celle des premiers commandements de Dieu. Aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit... Et aimer notre prochain comme nous-mêmes. Toute pratique religieuse qui nuirait à cela serait à remettre en question.
Mais souvent ce n'est pas la loi qui est mauvaise, c'est la manière dont nous l'appliquons ou dont nous voulons l'imposer aux autres.
Le véritable chemin est alors l'humilité dans l'amour. L'humilité qui fait que l'on s'efface devant l'autre au lieu de jouer au grand chef ou au redresseur de tort surtout dans la pratique de rituels. Le véritable chemin est alors l'humilité qui se fait écoute, compréhension, service du prochain...tout en lui montrant la nécessité de la sainteté pour correspondre à l'amour de Dieu.
Ce chemin de l'amour, la veuve l'a trouvé.
Pour nourrir notre prière, je vous propose cette réflexion du Frère Jean-Christian Lévêque, o.c.d(www.carmel.asso.fr).
Bonne méditation à toutes et à tous. (Père Xavier Bugeme sj)
Jésus était observateur. Il aimait les choses et les êtres. Selon lui, les humbles réalités de la vie étaient pleines de leçons pour qui savait les voir avec son cœur. Comme les sages de l’Ancienne Alliance, Jésus se passionnait pour l’homme, et surtout pour la manière dont l’homme cherchait Dieu et parlait à Dieu.
Ce jour-là il s’était assis et regardait, tranquillement, comment les croyants d’Israël apportaient leurs pièces pour le trésor du temple, « le denier du culte », en quelque sorte. Mais en fait de denier, la pauvre veuve, la veuve pauvre, n’avait que quelques petites pièces, minces et légères.
Jésus a aimé son geste. Il a appelé ses disciples auprès de lui, comme pour leur communiquer un enseignement important :« Amen, je vous le dis … » C’est ainsi que Jésus introduisait les certitudes ou les leçons qu’il voulait inculquer à ses disciples : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres dans le trésor ».
Tout d’abord elle a donné malgré sa pauvreté. Sa pauvreté ne l’a pas découragée. Bien que pauvre, elle avait quelque chose à donner à Dieu. Ce jour-là, elle a su faire pour Dieu une folie : donner à Dieu sa dernière assurance, s’en remettre à Dieu pour l’avenir, et pour le pain d’aujourd’hui.
Elle a accepté de manquer, pour que Dieu, dans sa vie, fût le premier servi. Elle a su affronter le risque de manquer, comme la veuve de Sarepta, qui a sacrifié pour Élie sa dernière poignée de farine. Elle n’a pas eu peur de sa pauvreté, ni devant Dieu ni devant les hommes. Elle ne s’est pas dit :« De quoi vais-je avoir l’air, venant après »beaucoup« de riches qui ont donné »beaucoup", moi qui vais être seule à donner quasi rien !
Elle ne s’est pas dit :« Seuls les riches sont intéressants ; moi, je n’ai qu’à m’écraser devant Dieu et devant les hommes, parce que je suis pauvre et que je le serai toujours ». Elle n’a pas regardé le don des autres pour s’en attrister, elle n’a pas songé à comparer. Elle a donné « comme elle avait résolu dans son cœur », pour reprendre la formule de Paul.
Et non seulement elle a su donner, bien que pauvre, mais elle a donné sa pauvreté ; et c’est cela surtout qui a touché Jésus. Elle savait que son obole allait la rendre plus pauvre encore, mais sa foi toute simple et droite lui disait que Dieu l’aimait ainsi, qu’elle n’avait pas à devenir riche pour pouvoir donner.
Dieu accueille avec joie l’offrande d’une pauvre qui reste pauvre, et qui accepte de le rester devant lui et devant les hommes.
Jésus, dans ce don inconditionnel, retrouve l’un des réflexes de son propre cœur : « lui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour nous enrichir par sa pauvreté ».
Il y a tant de manières de se sentir démuni : démuni d’atouts pour faire sa route dans la vie, démuni de santé ou de grâce physique, démuni d’appuis ou d’amitié. Et parce que toutes ces pauvretés nous déprécient à nos propres yeux, nous serions tentés d’en faire reproche aux autres et à Dieu.
Mais la veuve de l’Évangile nous montre le vrai chemin : oui, nous sommes pauvres, mais nous savons quoi faire de notre pauvreté : la reconnaître, la présenter au Seigneur, et nous mettre, dès aujourd’hui, sans attendre, au service du Royaume, tels que nous sommes, tels que Dieu nous voit et nous aime.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.