On n'a pas tous les jours à accompagner sur la route un gêneur, mais on a tous les jours à se mettre au point de vue de l'autre et à le préférer au sien.
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs, Paix !
Voici la méditation pour ce lundi de la 11ème semaine TO Impaire.
Lecture 2 Co 6, 1-10
Ps 97
Évangile Mt 5, 38-42
L'exemple de la "loi du talion" (Ex 21, 23-25) va nous donner une manière saisissante d'être fidèle à l'esprit d'une loi, tout en changeant radicalement son application.
La Loi était donc la suivante : "S'il t'est fait un dommage, alors, il faudra donner vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure" La "loi du talion" en imposant un châtiment "égal" à l'offense, voulait limiter les excès de la vengeance : n'exigez plus d'un œil pour un œil ! C'était, déjà, vouloir atténuer l'instinct naturel : deux yeux pour un œil abîmé ! Prolongeant l'esprit de cette loi, Jésus dit : "ne vous vengez pas du tout."
Cette loi biblique , et ces formules évangéliques, à première vue, nous semblent complètement dépassées... faites pour une autre époque que la nôtre, vraiment. Et pourtant ? Combien de villes bombardées, en notre temps, par représailles... et combien de luttes raciales, nationales, sociales, où s'applique la rigueur de l'escalade ?
A celui qui sera le plus fort, à celui qui rendra les coups ! On parle pudiquement de "rapports de forces" : mais c'est toujours le vieil adage violent "œil pour œil", détourné de son sens biblique.
Ne transformons le sel de l'évangile en fadeur. Osons recevoir les mots de Jésus en plein visage et en plein cœur. Pour nourrir notre prière, je vous suggère cette réflexion de la Sœur Catherine (www.carmelsaintjoseph.com).
Bonne méditation à toutes et à tous. (Père Xavier Bugeme sj)
Jésus n’est pas venu pour redire, répéter, rabâcher, comme ON. Car nous le savons bien, ON parle toujours au nom de tous et ON ne s’engage jamais.
ON sait tout ce qu’il faut faire pour être en règle, ON sait la loi et la vérité, surtout pour l’imposer aux autres. Mais Jésus n’est pas comme ON : il dit JE et il prend le risque de vivre ce qu’il dit, de le vivre jusqu’au bout ! Il est lui-même la vérité et la vie.
ON nous a appris et répété la loi du talion, régulation sociale minimale de la violence, minimum vital pour le maintien de l’espèce humaine.
Comme toujours, Jésus dépasse la loi et la justice humaines, son Evangile n’est pas un livre de morale ! Tendre l’autre joue, cela pourrait sembler arrogant, violent, voire immoral … Pourtant, n’est-ce pas ce que fait Jésus à la passion lorsqu’il dit au garde qui le frappe : « si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu » (Jn 18, 23) ? La gifle reçue me détourne du regard de l’autre et lui tendre l’autre joue me ramène dans un face à face où je peux lui parler.
Tendre l’autre joue serait alors réintégrer dans mon regard et dans la parole, l’autre qui me fait violence. Ce serait le ramener à son humanité. Mais Jésus va plus loin encore : par d’autres exemples il nous appelle à l’escalade du bien face à celle du mal et de la violence. Un jeu que l’on pourrait appeler « qui perd gagne[ii] », où celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de Jésus la trouvera (Mt 16, 25). Voulons-nous jouer avec lui ? Réflexion recueillie et proposée par le Père
Xavier Bugeme sj Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.