Le semeur sait qu'au moment des semailles la perte d'une grande partie des grains est inévitable, ce qui ne l'empêche pas d'escompter une moisson magnifique
Mes chers Paroissiens, chers frères et sœurs,
Paix !
Je vous envoie la méditation pour ce mercredi de la 16ème semaine TO Impaire.
Lecture Ex 16, 1-5.9-15
Ps 77
Évangile Mt 13, 1-9
l'Évangile de saint Matthieu est construit par regroupements : nous avons d'abord le "sermon sur la montagne" ( qui tourne autour de la vraie justice), puis le "discours apostolique" (qui regroupe des enseignements aux disciples).
Nous allons aborder maintenant le troisième groupe, un ensemble de "paraboles". Les "paraboles sont un "genre littéraire" : récits imagés et concrets destinés à faire mieux comprendre une idée. Tous les détails concrets n'ont pas la même valeur. Il faut prendre surtout la signification globale.
Tous les gestes de Jésus, il faut les contempler, y prêter attention. Un Jésus tout simple, un homme ordinaire. C'est le grand mystère de Dieu, mis à notre portée : cet homme qui qui sort de sa maison, qui marche, qui s'assaseoit, qui se relève qui met les pieds dans l'eau du lac pour monter dans un bateau...cet homme qui va parler, c'est le Fils de Dieu. Par nos humbles gestes humains ! Rien n'est petit.
Pour nous accompagner dans notre prière, je vous suggère cette réflexion du Père Jean-Luc Fabre sj (www.jardinierdedieu.fr)
Bonne méditation à toutes et à tous. (Père Xavier Bugeme sj)
Cette parabole racontée par Jésus pour donner à réfléchir à ses auditeurs, nous interroge à notre tour… Elle est le passage de l’Ecriture Sainte que vous avez choisi pour marquer ce moment de votre existence, ce moment où vous quittez le temps de la formation pour entrer dans celui de l’exercice plénier de votre profession. Ceci va de pair pour beaucoup d’entre vous, avec celui de vos engagements humains : mariage ou autre tel qu’un temps de service de l’autre en Afrique ou ailleurs…
Aujourd’hui, nous célébrons le commencement du temps de la maturité, le temps du commencement de l’été, où ce qui a été semé, investi doit pouvoir rendre, fructifier, rapporter… quoi de plus normal, plus naturel en somme. Et pourtant, il y a à s’émerveiller, à se réjouir… Ce qui a été commencé, il y a bien longtemps, est arrivé à un terme, à une certaine consistance qui est aussi un nouveau départ, une nouvelle promesse…
Les analogies, les relations sont ainsi bien nombreuses entre ce passage de l’écriture et votre vie. Mais plus profondément ce passage d’écriture dessine une manière de vivre, une manière de se situer dans la maîtrise, une manière aussi d’accéder au mystère de Dieu.
La Nature et sa manifestation adressent un appel silencieux à chaque homme pour nous disposer à mieux vivre. Toutes les cultures humaines l’ont pressenti, notre culture également. A travers les mouvements écologiques ou de développement durable, elle met en scène cet art de vivre, elle se laisse enseigner par la Sagesse de la Nature.
Cette parabole je crois peut vous accompagner tout au long de votre vie, de votre existence. Laissons-nous enseigner par elle.
« Le semeur est sorti pour semer ».
C’est d’abord un appel à la générosité : donner de soi, pour que la vie se poursuive. Le sens oblatif du geste posé par le semeur est renforcé par la liste de toutes les pertes qu’il faut pouvoir endurer, pour qu’un peu puisse donner beaucoup. Rien ne peut se faire sans mon investissement, sans que je m’y mette…
Mais c’est aussi plus profondément la reconnaissance que mon action ne peut d’elle-même produire son résultat. Rien de ce que je fais ne peut produire par mon action seule. C’est vrai de la semence qui doit rencontrer un bon sol pour produire, c’est vrai de vos enseignants qui ne peuvent transmettre leur savoir, leur savoir faire que si vous-mêmes vous vous y mettez, c’est vrai de vos parents qui ne peuvent vous transmettre ce qu’ils ont de plus chers que si vous reprenez le flambeau, c’est vrai aussi de vous, dans vos relations de promotion… cette parabole rappelle à chacun de nous que rien de l’action de l’homme ne peut se réaliser sans l’action concurrente de l’autre… Gardons nous de l’oublier. En tout ce que nous faisons, nous nous adressons à la liberté de l’autre, rien ne peut se réaliser durablement, sans faire : foi, confiance, appel à la liberté de l’autre. Notre vie ne peut trouver son sens véritable qu’en relevant cet enjeu. Que cette parabole vous accompagne dans cette grande ouverture de l’entrée dans le métier. Qu’elle oriente votre manière de manager, d’éduquer, d’aimer…
Mais aussi cette parabole « le semeur est sorti pour semer » c’est réaliser que l’action de l’autre n’est pas de la même nature que la mienne. J’apporte quelque chose d’unique, l’autre aussi apporte quelque chose d’unique. Pas de récolte sans semence, pas de récolte sans terre non plus…
Entrer dans cette manière de voir en nos relations humaines, -ne rien faire sans l’autre-, c’est l’ouverture pour découvrir l’action de Dieu en notre terre, en notre vie, en ma vie… Dieu agit, travaille avec chacun de nous étroitement et fidèlement, mais il ne le fait pas à notre place, mais avec nous, un peu comme la note de musique naît du violon et de l’archet, pas l’un sans l’autre, mais l’un avec l’autre.
Au soir de notre existence, lorsque comme le grain de blé nous tomberons en terre, heureux serons-nous si nous aurons appris à découvrir cette présence mystérieuse et délicate qui se proposait à nous, si nous avons cheminé avec elle...
Je souhaite à chacun de vous une heureuse vie.
Réflexion recueillie et proposée par le Père Xavier Bugeme sj
Curé de la Paroisse Christ Roi de Mangobo à Kisangani.