RDC : Conférence interdite, vols suspendus, manifestations à Bukavu, Roger Buhendwa dénonce un complot contre Dénis Mukwege
Le paysage Démocratique en République Démocratique du Congo semble sombrer ce dernier temps. Les voies qui critiquent le pouvoir en place gênent. Les tenants du pouvoir tentent tous les coups pour étouffer toute initiative de réarmement moral de la population congolaise. En haut de la liste, le Prix Nobel de la Paix 2018, Dr. Dénis Denis Mukwege, qui s'est vu interdire sa conférence scientifique à l'université de Kisangani.
En effet, prévue le 19 août 2022 au sein de l'amphithéâtre de l'Université de Kisangani, cette conférence scientifique sous le thème : " le viol comme arme de guerre" a été interdite par le recteur de cette Université qui, dans sa décision, a évoqué des questions sécuritaires. Les vols entre Kinshasa et Kisangani ont été suspendus le mardi et mercredi et ceux de Goma-Kisangani ont été aussi sous l'embargo. Les avions de la compagnie CAA ont été cloués au sol sans aucune raison préalable toute la journée de mercredi 17 août 2022.
A Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, les routes ont été barricadées ce jeudi 18 août 2022, empêchant le Dr. Dénis Mukwege de voyager pour Kisangani où il est attendu pour cette conférence. Les motocyclistes dénonceraient une mesure de l'autorité provinciale qui leur interdit de circuler sur la principale avenue de Bukavu.
Tout ce tableau peint renvoi à l'atteinte de la liberté d'expression garantie par la constitution de la République Démocratique du Congo.
Pour M. Roger Buhendwa, acteur de la société civile du Sud-Kivu, cette tension dans la ville de Bukavu serait consécutive aux manœuvres mises en place pour empêcher le Prix Nobel de la Paix 2018, Dr. Dénis Mukwege, d'exprimer ses opinions.
"Nous sommes navrés de voir qu'après le discours du chef de l'État au Tchad qui a dit que toute personne qui aura une opinion qui fâche le pouvoir ira remplir les prisons, un programme établi avec l'université de Kisangani pour animer une conférence scientifique comme celles organisées à Lubumbashi et Kinshasa, ait été interdite. Tout était bien préparé et par un effet de surprise, le recteur de l'Université va refuser que cette conférence se tienne à l'Université de Kisangani. Une conférence scientifique où un médecin viendra discuter avec les étudiants, d'autres médecins et des intellectuels interressés par un sujet scientifique soit refusée, nous sommes tentés de croire qu'il y a un complot. Nous ne savons pas si c'est ça la manière de construire la démocratie", s'indigne-t-il.
Il regrette que le récteur de l'université de Kisangani, une des plus grandes universités du pays, d'ailleurs la 3e au classement en République Démocratique du Congo contribue à la démolition de la démocratie par ses propres mains.
"Tous ces faits que nous citons, quelle coïncidence, sachant qu'un plan B pour cette conférence devait exister pour permettre au Dr. Dénis Mukwege d'exprimer ses opinions. Les personnes qui étaient dans l'organisation de cette conférence sont entrain d'être sommés de ne pas participer et d'intervenir. La liberté de s'exprimer, de donner son opinion, de parler de ses connaissances ont été simplement foulés au pied", regrette Roger Buhendwa.
Il souligne qu'au regard de la situation tendue à Bukavu, le Dr. Dénis Mukwege ne pouvait pas s'exposer à faire passer sa voiture là où il y a des jeunes instrumentalisés pour faire un tel mouvement dans le seul objectif de l'empêcher de quitter Panzi et aller à Kisangani. Pour lui, il s'agit d'un complot monté contre les opinions du Dr. Dénis Mukwege, contre la liberté de l'expression et qui vient bâillonner la démocratie chèrement acquise au prix du sang.
Il invite les acteurs de la société civile à dénoncer et condamner cette violation grave des droits constitutionnellement garantis au peuple congolais et à se mobiliser contre cette dérive dictatoriale à pensée unique.